Zéro déchet en photo ça donne des joulis bocaux partout dans la cuisine. Un beau frigo de produits frais et de tuptup. Des paniers de noisettes, de noix. De belles couleurs et que du sain dans notre assiette. Rien à dire le zéro déchet c’est marketing. On se croirait dans une pub à base d’authenticité authentique comme les tartelettes industrielles bonne maman. Sauf que là c’est pour de VRAI. Du bio local saison acheté au panier monsieur. C’est pas du chou fleur chinois ou des haricots verts du Kenya. Les noix elles sont du pays, les pâtes à la farine complète et les yayourtes maison à la crème de marron. Ahhhh c’est bon d’être zéro déchet !

Courage, sors du canap.
Premier constat majeur : un peu de courage il faut cuisiner. Pas possible d’y couper ! Un peu chaque soir et un peu plus le week end. Les carottes ne se rappent pas toutes seules et le gratin de broucouli il est pas en barquette de chez Picard. Ca vaaaa… comparé au 3h30 de téléréalité quotidienne des français c’est pas la mort. Au contraire la cuisine est le lieu de vie de la famille le soir, le week end. On y boit l’apéro en musique, on discute, on dessine… Ya pas que le canapé dans la vie.

Deuxième constat : un peu de courage il te faut faire tes courses avec des tuptup et des sacs en tissu. Rassurons les timides, pas de souci ça se passe très bien ! Tout le monde est d’accord avec le constat de trop d’emballages. En expliquant pourquoi sans agresser, ni faire la moral, vos commerçants, qui sont des types formidables, vous suivront dans votre choix. Et s’il fait la gueule, allez voir ailleurs il ne vous mérite pas.

Bénéfices collatéraux
Le bénéfice indirect majeur du zéro déchet que l’on apprécie le plus, c’est la façon dont nous avons pris soin de notre santé cette année. On avait fait le calcul rappelez-vous : nous rejetions 47kgs de produits toxiques dans l’eau en 2014 (https://www.famillezerodechet.com/2015/03/06/la-partie-immergee-de-liceberg/). Avec une consommation raisonnée! Autant de pesticides, conservateurs, perturbateurs endocriniens, cancérigènes et autres allergènes que l’on s’est épargné cette année. Nous avons échappé aux conservateurs, colorants, acidifiant, d’E300 ou 400 je ne sais quoi… Toutes ces molécules chimiques nocives que nous accumulons dans notre corps, jusqu’à 200 en permanence. Car ce sont bien sur des bioacculumateurs, et qui nous causent tant de cancer, infertilité, perturbation endocrinienne. Maladies de civilisation mon œil oui !!
Nous échappons aussi au sucre. Qui est partout dans les aliments industriels avec son copain le sel. Une personne sur trois est en surpoids en France. Avec 35kgs de sucre annuel moyen par français tu m’étonnes… Mon grand père c’était 2kgs par an. Et du miel, des fruits; pas des chocopops.

D’un point de vue écologique, le gratin de broucouli n’a évidemment pas de blister, pas d’aluminium, pas de carton, pas d’opercules, pas de barquette. D’où un constat simple : la majorité de nos déchets de poubelle viennent de l’alimentaire. La grande distrib a mis la main sur toute la filière, ruine les producteurs qui vendent leur porc à perte, nous refile le cancer et in fine nous payons leurs déchets.
Vous ne le saviez peut être pas mais c’est nous qui payons la note. Salée. Et pas qu’une fois : à l’achat, le prix comprend bien sûr l’emballage et le market’, plus l’éco-participation, plus 8% de la TVA du produit, plus une partie de votre taxe foncière, plus la TGAP (taxe ordure ménagère). Au bas mot la gestion des déchets c’est 14 milliards annuels de notre poche. Et la participation de l’industrie ? 600 petits millions via la taxe écoemballages. 6%. La blague. Oui zéro déchet est un acte politique au sens noble du terme. Les 14 milliards je les mettrais bien à retaper nos hôpitaux ou nos universités tiens.

Zéro déchet nous a aussi permis de maitriser notre budget. En achetant en vrac on paie que le produit et c’est 20 à 40% moins cher. En zappant les rayons et tête de gondoles vous n’êtes pas tenté par des pseudos promo et autres appels du pied. Enfin en prévoyant votre semaine un poil à l’avance vous gérez les courses plus facilement et tu n’achètes que ce dont tu as besoin ! C’est sur que si tu consommes comme avant mais en passant bio et frais c’est la ruine immédiate. Il faut adapter ses menus et cuisiner pour plusieurs fois. Exemple : le tajine que tu réchauffes le lendemain. Comme grand mère qui faisait des soupes au pistou à rallonge sur plusieurs jours… Le midi le plus souvent c’est un tuptup réchauffé de restes. Et au passage le zéro déchet met fin au gaspillage alimentaire…

Enfin et le mieux de tout : le goût le goût le goût ! Qu’est ce qu’on mange bien depuis un an. Et les premiers à manger ce qu’on leur propose ce sont les enfants. Promis ils kiffent ce qu’on fait à manger. Oui même les gratins de broucolis au roquefort. Tajines, soupes, gratins, salades maison, plancha… mais qu’est ce qu’on s’est mis dans le gosier cette année! Le poulet coco d’hier avec son riz sauvage et sa mousse au chocolat maison me reste encore sur les papilles. Bon confidence, on a cumulé en plus du zéro déchet : 1. manger Bio ; 2. manger Paléo. Là on avoue c’est un vieux challenge, on n’a pas fait simple. Et on y est que partiellement arrivé. Pour le bio on doit être à la louche à 80% de notre alimentation. Fruits et légumes tu peux gérer, pour la viande et poisson c’est un poil plus chaud. Par contre il est des incontournables: les produits laitiers, les fruits et légumes car ils stockent un max de produits chimiques. Et quand tu sais que c’est bio et local, tu en profites encore plus. Tu te baffres !
Le paléo lui nous a permis de découvrir les petits déj’aux crêpes banane-oeuf. Et rien que ça c’est un monde. (http://jememetsaupaleo.com/petits-dejeuners-paleo/)

Que du positif non ? Vous vivez au pays des bisounours me direz vous. Bon ok je suis passé un peu vite sur le moment de solitude devant le frigo en fin de courses, sur l’échec international des aubergines au cumin et le pain maison texture granit. Mais comme dirait le célèbre philosophe du 21ème siècle Steve Jobs : « No try no win ! ». 

Textes : Jérémie PICHON
Illustrations: bénédicte MORET