On est sorti du marathon de noël. Ouf. J’ai les dents du fond qui baigne. Un vrai régal mais je suis comme une oie du sud ouest, mon foie est gras et agite le drapeau blanc. Je compatis les copines à plume… Qu’est ce qu’on s’est mis. Spéciale cacedédi belle maman pour le poulet de Bresse aux morilles et châtaignes à la lyonnaise.

Comme chaque année, on a bien cultivé notre schizophrénie. Le remake du noël de docteur Jekill et mister Hyde en version couleur HD. Noël recto et noël verso. Le notre et celui des parents…. Un noël 2015 et un noël 1980. Croissance versus décroissance.

Côté pile, on l’a joué cadeau d’occasion en emballage tissu, sapin en bois flotté, déco home made des enfants et repas à la cool ta vu. La buche était roulée sous les aisselles au cacao et chantilly maison. Le tout bio vrac saison local dans le bocal made in zéro déchet. La classe sous les godasses. Aucuns déchets. Ah si une brique tétra pack de crème parce qu’on a zappé la fromagère cette semaine. Et c’est quoi ce sac plastique congélation là pour les playmobils d’occases ? Mouuuais ça va pour cette fois circulez.

Côté face, mister Hyde a acheté des actions Véolia. La poubelle grise était pleine à ras bord d’emballages cadeau, La poubelle verte de recyclage était au trois quarts. Les industriels s’étaient invités à table et nous ont déversé leurs débauches de matières et de technologies jetables: mousse expansé, paillette, silicone, led, écran, PET, diode, vernis, cartons, micro fausses flammes à piles au lithium, gadgets divers, assiettes en cartons vernis, bougeoirs, déco en forme de sapin, de rennes, de flocons. Ils nous ont régalé. On a vu plus de déchets en trois jours que notre famille produit en une année.

On a fait un voyage de 3 jours dans les années 80. Comme si on ne surexploitait pas les ressources de notre planète. Comme si le peak pétrolier allait arriver au siècle prochain. Comme si on était à peine 2 milliards sur terre. On a fait comme si. Comme si rien n’avait changé. Le Titanic de noël lancé plein gaz. La croissance à plein tube et la foi en le progrès technologique chevillée au corps. Les règles ont changé, mais à la vue des poubelles dans les rues le 25, tout le monde n’a pas encore percuté.

Textes: Jérémie PICHON
Illustrations: Bénédicte MORET