Depuis qu’on est devenu célèbres avec notre bouquin (et qu’on passe plus les portes avec la grosse tête qu’on a pris) on reçoit chaque jour des témoignages de personnes qui s’y mettent, changent, évoluent. Sur Facebook. Et pis en vrai, au café, dans la rue, chez les potes, au marché. C’est juste génial de voir comment chacun se met à l’action. « Hey t’as vu j’ai fait mon shampoing tout seul ! », « Et oh ! C’est quoi cette recette de merde ? », « Aujourd’hui mon fromager m’a dit que j’étais formidable avec mes boites!». Chaque retour est pour nous un vrai bonheur. Rien que pour voir autant de monde se bouger d’un coup depuis 15 ans qu’on raconte la même chose, on referait la même aventure. La révolution par la base est en cours!
Ouais enfin, « presque ». Il en reste encore quelques uns à bouger. Et pas les plus flex, les zérosceptiques. Vous devez commencer à en entendre autour de vous si vous êtes dans la démarche. 

Dans la série des grands classiques : « zéro déchet c’est impossible! ». Haaaaa mais je n’vous l’fait pas dire madame ! Zéro kilo on n’y sera pas, c’est sûr. Mais bon y’a 30, 20 ou 10 kgs avant le zéro, ce qui correspond à une empreinte (presque) durable et fait une grande différence pour les copains du sud de la planète. Le mot impossible il est super pratique pour virer la question en deux secondes : c’est pas possible donc c’est pas la peine que je m’y mette ! CQFD rangez vos cahiers. Nous, on a du faire comme disait Marc Twain : « On savait pas que c’était impossible, c’est pour ça qu’on la fait. »

Autre grand classique du grand sceptique devant l’éternel: « C’est compliqué ton zéro déchet». On appelle ça l’argument « château de carte ». Il s’écroule dès que tu poses une question. « Qu’est ce qui est compliqué ? ». « Ben les courses tout ça… ». C’est pas compliqué de prendre des sacs en tissu plutôt que des sacs en plastique. C’est pas compliqué d’éplucher des carottes plutot que d’acheter une barquette plastique de carottes rapées. C’est pas compliqué de jeter un seau de biodéchets dans son compost ou de prendre une carte à la ludothèque. Tout est simple à faire dans le zéro déchet en fait. Don camillo dirait « Ce ne sont que de petits gestes seigneur ». A la limite trouver l’idée peut être compliqué, mais d’autres les ont eu dans des bouquins et autres blogs… On devrait plutôt entendre « c’est compliqué de changer mes habitudes parce que j’ai une flemme du domaine du boabab dans la main».

Enfin l’utimate argument : le temps. « J’ai pas le temps ». « Vous me faites marrer les écolos avec votre zéro déchet. Moi je fait partie de ceux qui bosse beaucoup et rentre tard le soir, j’ai pas le temps de cuisiner. » Effectivement et c’est vrai. Il bosse douze heure par jour pour gagner de l’argent, cet argent permet (entre autres) d’acheter des plats industriels qui lui font gagner du temps pour… bosser. D’un point de vue quantitatif il a raison. D’un point de vue qualitatif par contre on peut y voir d’autres enjeux : la santé, le stress, la famille, les produits chimiques, le goût, l’environnement, le système économique etc… Le temps c’est un choix. Un choix de vie. Ce qu’illustrent aussi très bien les temps moyens quotidiens français devant un écran : 3h47 de télé selon médiamétrie, 1h sur facebook, 1h 30 sur la PS, 3h sur le web. Tu vas bien trouver 15 minutes pour nous faire un gâteau !

Mais on les aime les zérosceptiques! Ben oui ce sont nos amis, nos familles, les gens de notre quotidien. Surtout ne les brusquez pas. Prenez votre temps, car ils sont sur leur chemin, mais pas au même niveau que vous. Comme le renard du Petit Prince, apprivoisez les. Appâtez les avec vos réussites et petites victoires. Offrez leur des joulis sacs à vrac. Pointez vous à l’apéro avec votre meilleure sauce au bleu ou votre cake aux olives de la mort qui tue. Indignez les sur facebook. Prétez leur un bouquin. Notre seul frein c’est notre impatience (et l’urgence écologique?), car chaque jour qui passe amène nos sociétés vers ces solutions. C’est un peu comme les cancers et les pesticides. Y’a quelques années tu te faisais tirer dessus par oncle Bob à noël. Et depuis il y a eu Elise Lucet sur France 2.

Textes : Jérémie PICHON – Illustrations : Bénédicte MORET