Vla qu’on parcourt la France avec Ze Guide sous le coude. Le Mick Jagger du zéro déchet. Les pierres qui roulent en tournée internationale en train et en covoit’. Un jour à Rio, un autre à de Janeiro. Partout c’est un bonheur de vous voir tous si motivés à faire autrement, à choisir une autre voie que le Panama ou le Luxembourg. So nice. 

Et là, comme toujours quand on revient dans l’ancien monde, c’est le grand slalom pour éviter les déchets… Le plus incroyable c’est quand on est invité à parler du zéro déchet et qu’on vous propose gentiment une bouteille plastique d’Evian de 20 cl avec le gobelet plastique qui va bien. Hey les gars, on est venu pour vous parler de la vente de tong dans le grand nord canadien ? C’est une caméra caché c’est ça ? Haha, bien vu.
Ben non, c’est comme ça tous les jours. Esquive à droite, à gauche. Heureusement on se balade avec notre thermos et gourde inox. Sauf une fois, il était plein de café pour éviter les touillettes/gobelets des aires d’autoroute et on n’avait pas notre gourde. Hein ?! vous n’avez pas de verre en verre dans les locaux? Du coup on accepte la bouteille sous peine de mourir déshydratés. Et comment ça pas de tri dans la radio ? Ni le PET, ni le papier ? Je perds un œil sous le coup de l’émotion et on ramène la bouteille chez nous pour la recycler. Mais dans quel monde vit-on mon bon monsieur? Tu parles que l’économie circulaire va nous sauver demain si même les médias ne s’y collent pas.

Ca a l’air d’être la même chose dans les restos… Un midi que j’avais pas mon tuptup salade après une interview, je navigue entre les chaines de pizza indus, les macdo et les ronds points d’une ZAC hors sol, pour choisir un petit restau concept. « Fais ta salade toi même comme un grand en choisissant tes ingrédients ». Prometteur. Rapide tchek par la vitrine : les saladiers sont durables, les couverts en inox et les assiettes en bambou compostable. Les serviettes en papier, je prend pas. Et les verres plastiques, non plus. Banco je valide, objectif : je rentre je bouffe vini vidi vici. Sauf qu’à la fin il ne reste qu’une poubelle. Genre celle du mac do: tu-verses-tout-ton-plateau-par-le-volet-prévu-à-cet-effet-t’inquiètes-on-gère-pour-toi-oublies. Le bambou se mélange donc avec les verres en plastique, les serviettes en papier et les restes de bouffe. Pas de compost (hey mais c’est pas obligatoire dans les restos maintenant?). Pas de tri. Et du coup pas franchement vici.

Ahhh la fausse bonne solution de la vaisselle compostable devenue, comme dans la majorité des cas, juste jetable. Une assiette en pulpe de bambou qui m’a servi trois minutes douze pour manger ma tarte indus et qui finit incinérée. Heureusement que le paysan indonésien, à qui on a pris des hectares sur ses cultures vivrières, coupé sa forêt et surpollué son eau, ne le sait pas, sinon il nous l’a ferait bouffer l’assiette. Heureusement qu’il ne sait pas non plus qu’on utilise de l’énergie pour transformer des pommes de terre en sacs plastique pour protéger l’environnement. Ou que les biocarburants fait pour limiter les émissions de CO2 émettent plus de gaz à effet de serre que le diesel.* Je ne sais pas s’ils ont des Carambars en Indo, mais c’est le niveau de la blague des biotechnologies actuelles…
Il en faudra combien d’ha de champ pour remplacer les 500 milliards de sacs plastique distribués chaque année dans le monde ?  Et les 245.000.000.000 de Kg de plastique ?

 

Textes : Jérémie PICHON – Illustrations : Bénédicte MORET


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En tenant compte de l’usage de fertilisants et de la mécanisation agricole, elle estime que les biocarburants émettent, dans leur ensemble, 81% plus de GES que les fossiles. A savoir +203% pour l’huile de palme, +113% pour le soja, +18% pour le colza et +4% pour le tournesol. http://www.journaldelenvironnement.net/article/biocarburants-plus-de-ges-que-les-energies-fossiles,68979