Non vous ne rêvez pas. Vous avez bien lu :

« les produits chimiques ménagers, on en a besoin ».

Jour de marché, je lis tranquillement le journal en terrasse. Les enfants jouent à se rapper les genoux sur le goudron, maman papote, et moi je me détends tranquillement en sirotant mon allongé tout nu (pas moi, le café), mon visage qui prend le soleil d’été du mois d’octobre. J’ai failli tomber de ma chaise en lisant cet encart de pub pour écoDDS.
Mais qui est EcoDDS ? Je relis encore pour être sûr, je dois me tromper. Non non c’est ça, les produits chimiques ménagers on en a besoin. L’hallu. Mais qui est cet organisme qui s’annonce « éco » et qui va à l’inverse de tout la prise de conscience sur les produits chimiques et leur nocivité ? En allant sur leur site je retrouve rapidement la vue. Jump dans la réalité. Voici la liste des actionnaires de cette belle entreprise :

FABRICANTS : AKZO NOBEL COATINGS, ALLIOS, ARDEA, BEISSIER SAS, BHS, BLANCHON SAS, BOSTIK SA, CHARBONNEAUX BRABANT SA, CIRON SA, COMPO France SAS, COMPTOIR DES PRODUITS CHIMIQUES, CROMOLOGY, DAW, DE SANGOSSE, DURALEX PEINTURES, ETABLISSEMENT PINTAUD, EXTRUPLAST, GEB, NOVAJARDIN, OLERON STP, ONIP, PEINTURES MAESTRIA, PPG AC FRANCE SA, RECA, RENAULAC, SIKA France SA, SOUDAL France SAS, STO SAS, THEOLAUR PEINTURES, TOUPRET SA, V33 SA.

DISTRIBUTEURS : AUCHAN France, BRICO DEPOT, BRICOMAN, BRICORAMA France, CARREFOUR France, CASTORAMA France, CORA, DISTRIBUTION CASINO France, ESPACE REVETEMENTS, GROUPE SOCODA SA, LEROY MERLIN France, MOBIVIA GROUPE,  MR BRICOLAGE,  SYSTEM U,  SILVE SA, UNION GENERALE DE DISTRIBUTION, WELDOM.

Là, effectivement, on comprend mieux pourquoi on en a besoin… du coup on se dit qu’on est très loin de voir la chimie sortir de notre environnement et notre système sanguin. Eco emballage 2 le retour de la désinformation… version produits chimiques ménagers.
Certains vont dire : « ils se paient leur comm, c’est tout ce qu’on pouvait attendre d’eux non ? » Mais on pourrait aussi en attendre un changement de pratique? Une modification de leur business model ? Surtout dans notre société actuelle de la prise de conscience et du changement. Mais non, surtout pas… continuons le business as usual et la ruine de notre santé et de nos écosystèmes. 

C’est donc l’industrie chimique et la grande distribution, main dans la main, qui gèrent la filière de prévention et traitement des produits chimiques ménagers. Le tout en étant AGRÉÉ PAR LES POUVOIRS PUBLICS et avec un bel intitulé « éco » devant.

Tant qu’on y est, donnons à l’industrie du sucre la mission publique de lutter contre le diabète,
ou à Monsanto celle de développer l’agriculture biologique !

Comme « écoemballage », l’état donne aux tenants du business la mission de protéger la planète et notre santé. D’ailleurs ils l’écrivent très bien : « Notre principale mission est d’organiser le fonctionnement et d’assurer la pérennisation de la filière des Déchets Diffus Spécifiques des ménages dans des conditions respectueuses de l’environnement et de la santé. » Ils sont quand même bons les gars du marketing. Ou bien payés. Le bon gros green washing bien gras pour dire « on assure le fonctionnement et la pérennisation du business nous-même, laissez les gars vous êtes crevés on va le faire… »
Bref. A une époque où tous les voyants sont au rouge concernant les cancers et les perturbations endocriniennes, la pollution des masses d’eau et de la faune aquatique, la destruction des écosystèmes ; un organisme se paye le droit de balancer dans un journal qu’on en a besoin. Autant envoyer un candidat à la présidentielle nous dire que le changement climatique est un canular tant qu’on y est ! Humm mauvais exemple…

Alors, les produits chimiques ménagers ce sont les lessives, les détachants, les dégraissants, les décapants, les cires, les peintures, les vernis, les détergents, les désinfectants, les nettoyants WC, etc. Vous savez ceux qui ont un logo orange derrière le flacon pour dire : toxique, nocif, corrosif, dangereux pour l’environnement… et le numéro du centre antipoison. C’est là où cet encart pub devient intolérable . Quand on le met en lien avec la réalité. La notre, pas le marketing. Celle qui fait que, rien que ce mois-ci, j’ai vu deux personnes partir d’un cancer dans mon environnement personnel. Sein et pancréas. Le sein parlons en tiens : selon une étude du Silent Spring Institute (cf article Le Monde du 12/05/2014), dans la liste de 17 substances cancérigènes hautement prioritaires figurent « des produits chimiques présents dans l’essence, le gasoil, (…) ainsi que des ignifuges, des textiles antitaches, des dissolvants, des décapants à peinture (…)» Quelques produits ménagers chimiques donc… Les molécules ce sont (cf. 60 millions de consommateur) les Isothiazolinone : très allergisantes et toxiques pour les organismes aquatiques ; les Sodium hypochlorite : irritants ; les C9 C11 pareth 6 : persistants dans l’environnement ; les isopropanol : risqués pour la reproduction, les COV comme le Formaldéhyde, désinfectant classé cancérigène avéré (classe 1) par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) etc. la liste est longue comme le bras.

Alors, à la place de « les produits chimiques ménagers, on en a besoin », on souhaiterait qu’ils bossent pour dire « les produits ménagers, on en a besoin. Et on fait tout pour virer les chimiques » Non ? Ben non… Alors nous répondons « nous pouvons nous passer de 100 % des produits chimiques ménagers ». On peut laver sa maison et ses affaires, entretenir et embellir sans un seul produit chimique toxique ou nocif pour notre santé, celle de nos enfants et des milieux aquatiques. Et on économise beaucoup d’argent finalement… 

Textes: Jérémie PICHON / illustrations : Bénédicte MORET